Où « Romance, Souvenir du 1er Mai 1891 »
Ernest Voillequin et George Poivillier
Si le 1er Mai est institué en 1890 comme fête internationale des travailleurs, en commémoration – entre autre – des manifestations sanglantes de Chicago en 1886, sa première édition raisonne comme l’écho d’une tragédie oubliée.
Un appel à la grève générale est lancé pour cette première fête des travailleurs revendiquant la journée de 8 heures et la hausse des salaires. Dès la veille, pour montrer leur opposition à toutes revendication, les patrons de la ville industrielle de Fourmies, en, Picardie, font placarder des affiches affirmant leur détermination à ne faire aucune concession. Sous leur pression, le maire demande l’envoie de deux compagnie du 145e régiment d’infanterie de ligne. Un important cortège de femmes, enfants et hommes se rassemble pour cette journée se voulant festive et pacifique. Le programme, établis par Hippolyte Culine, animateur local du Parti ouvrier, se conclut par cette adresse : « Le plus grand calme est recommandé ; pas de tumulte, pas de récriminations personnelles. Le Parti Ouvrier veut le droit et la justice, et en demandant le respect de lui-même, il compte sur le respect moral de chacun pour faire aboutir par la raison, ses justes revendications. ».
L’arrestation de quatre manifestants, suite à une altercation avec les gendarmes dépêchés sur place, va tendre la situation qui va brusquement dégénérer en fin de journée. Lorsque les 150 à 200 manifestants arrivent sur la place, ils font fassent à 300 soldats. Les cailloux volent et la foule pousse. Pour se libérer, le commandant Chapus fait tirer en l’air. Devant la foule qui est contre les troupes, il déclare alors « Baïonnette ! En avant ! ».
Collés contre la foule, les trente soldats, pour exécuter l’ordre, doivent faire un pas en arrière. Ce geste est pris par les jeunes manifestants pour une première victoire. Kléber Giloteaux, leur porte-drapeau s’avance et crie « Vive la grève ! Vive l’Armée ! ».
Il est presque 18 h 25… le commandant Chapus s’écrie : « Feu ! feu ! feu rapide ! Visez le porte-drapeau ! ».
Bilan : neuf morts, trente-cinq blessés (au moins) en quarante-cinq secondes.
Maria Blondeau, 18 ans
Louise Hublet, 20 ans
Ernestine Diot, 17 ans
Félicie Tonnelier, 16 ans
Kléber Giloteaux, 19 ans
Charles Leroy, 20 ans
Émile Ségaux, 30 ans
Gustave Pestiaux, 14 ans
Émile Cornaille, 11 ans
La version ci-dessous est interprétée par Christiane Oriol et comporte des couplets différents.
Chant du 1er Mai – Les Martyrs de Fourmies
Où « Romance, Souvenir du 1er Mai 1891 »
Ernest Voillequin et George Poivillier
Dans la commune, c'était fête
Et tous les braves travailleurs
Chantaient gaiement la chansonnette
Buvant le vin des trois couleurs
Lorsque sur la place un bruit d'armes
Interrompant leurs gais festins
Vint tout à coup jeter l'alarme
Avec l'ordre : Rompez, mutins
Sans craindre la menace
Les braves travailleurs
Au milieu de la place
Se partageaient les fleurs
Le cœur plein d'allégresse
Ils chantèrent toujours
La grande Marseillaise
L'hymne de nos amours.
Pendant la fête, sur la place
Au milieu des rires et des chants
Deux jeunes filles avec grâce
Distribuaient des fleurs des champs
Lorsque soudain sifflent les balles
Qui les frappent de tous côtés
Aussitôt tombent sur la dalle
Ces martyrs de la liberté.
Enfants aux lèvres roses
À l'aube d'un beau jour
Comme de jeunes roses
Meurent pleines d'amour
Allez, jeunes fillettes
Ah ! vous pouvez dormir
Nous garderons pauvrettes
Votre doux souvenir.
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