Emmanuel d’Astier de la Vigerie – 1943
Bien moins connue que « Le chant des partisans » de M. Druon et J. Kessel, mais elle aussi portée par une mélodie d’Anna Marly, « La complainte du partisan » d’Emmanuel d’Astier de la Vigerie évoque d’autres aspects de la résistance.
Entré en résistance dès la prise de pouvoir par le régime de Vichy, Emmanuel d’Astier de la Vigerie (dit « Bernard ») rejoint la clandestinité dès 1941. C’est la réalité du maquis qu’évoque cette chanson. Sur une mélodie douce et mélancolique, elle convoque l’abandon du combattant clandestin, sa solitude, et son engagement désespéré. Elle rappelle aussi, en parallèle de l’engagement du franc-tireur, les actes de solidarité de certains, non sans risques ni courage.
Si le « Chant des partisans » évoque l’espoir de la victoire finale, au delà du sacrifice individuel, par l’action groupée et coordonnée ; « La complainte du partisan« , elle, évoque la solitude et la perspective d’une capture et de sa sanction inéluctable.
Il existe une version anglaise de cette chanson, écrite en 1969 par Leonard Cohen et reprise ensuite par de nombreux artistes.
Emily Loizeau – La Complainte du Partisan
Leonard Cohen – Songs from a Room – The Partisan
La complainte du partisan
Emmanuel d’Astier de la Vigerie – 1943
Les Allemands étaient chez moi
On m'a dit résigne-toi
Mais je n'ai pas pu
Et j'ai repris mon arme
Personne ne m'a demandé
D'où je viens et où je vais
Vous qui le savez
Effacez mon passage
J'ai changé cent fois de nom
J'ai perdu femme et enfants
Mais j'ai tant d'amis
Et j'ai la France entière
Un vieil homme dans un grenier
Pour la nuit nous a cachés
Les Allemands l'ont pris
Il est mort sans surprise
Hier encore nous étions trois
Il ne reste plus que moi
Et je tourne en rond
Dans la prison des frontières
Le vent passe sur les tombes
La liberté reviendra
On nous oubliera
Nous rentrerons dans l'ombre
The Partisan
Léonard Cohen – 1969
When they poured across the border
I was cautioned to surrender
This I could not do;
I took my gun and vanished
I have changed my name so often
I've lost my wife and children
But I have many friends
And some of them are with me
An old woman gave us shelter
Kept us hidden in the garret
Then the soldiers came;
She died without a whisper
There were three of us this morning
I'm the only one this evening
But I must go on;
The frontiers are my prison
Oh, the wind, the wind is blowing
Through the graves the wind is blowing
Freedom soon will come;
Then we'll come from the shadows
Les Allemands étaient chez moi
Ils me dirent, "Signe toi,"
Mais je n'ai pas peur;
J'ai repris mon arme
J'ai changé cent fois de nom
J'ai perdu femme et enfants
Mais j'ai tant d'amis;
J'ai la France entière
Un vieil homme dans un grenier
Pour la nuit nous a caché
Les Allemands l'ont pris;
Il est mort sans surprise
Oh, the wind, the wind is blowing
Through the graves the wind is blowing
Freedom soon will come;
Then we'll come from the shadows