Sébastien FAURE – 1886
Né en 1858 dans une famille bourgeoise et catholique de Saint Étienne, Sébastien FAURE intègre le séminaire de Clermont-Ferrand. Abandonnant le séminaire pour devenir libre penseur, il milite d’abord au Parti Ouvrier Français puis devient anarchiste, révolté par la condition ouvrière réduit à la misère par l’industrialisation. Pédagogue reconnu, il fonde en 1895 avec Louise MICHEL le journal Le Libertaire.
Le Chant de Révolte qu’il écrit en 1886 reprends les thèmes chers à l’anarchisme : refus de l’oppression, de l’autorité aveugle, de l’exploitation de l’Homme par l’Homme, La collectivisation des moyens de production, le refus de la misère. Cette chanson est écrite dans un contexte insurrectionnel larvé où les grèves et les revendications dégénèrent souvent en affrontements armés dût à la violence extrême des réactions des autorités et du patronat qui n’hésitent pas à faire donner la troupe et aux lourdes sanctions prononcées.
« Telle est la mission bienfaisante et féconde de la Chanson révolutionnaire : cris de Révolte contre le Mensonge, l’Iniquité, l’Exploitation, l’Ignorance, la Guerre, l’Autorité ; chants de tendresse ardente, de Foi réfléchie et d’Espoir indéfectible en des temps de Vérité, de Justice, de Savoir, de Paix et de Liberté !«
(Sébastien FAURE Paris – Août 1927)
J’ai une tendresse certaine pour cette chanson, et particulièrement pour la version que je vous propose ici, interprétée par Fanchon DAEMERS.
Chant de révolte
Sébastien FAURE – 1886
1.
Nous sommes les persécutés
De tous les temps et de toutes les races
Toujours nous fumes exploités
Par les tyrans et les rapaces
Mais nous ne voulons plus fléchir
Sous le joug qui courba nos pères
Car nous voulons nous affranchir
De ceux qui causent nos misères
[Refrain]
Église, parlement,
Capitalisme, État, magistrature
Patrons et gouvernants,
Libérons-nous de cette pourriture.
Pressant est notre appel,
Donnons l’assaut au monde autoritaire,
Et d’un cœur fraternel,
Nous réaliserons l’Idéal libertaire !
2.
Ouvrier ou bien paysan
Travailleur de la terre ou de l'usine
Nous sommes dès nos jeunes ans
Réduits aux labeurs qui nous minent
D'un bout du monde à l'autre bout
C'est nous qui créons l'abondance
C'est nous tous qui produisons tout
Et nous vivons dans l'indigence
[Refrain]
3.
L'État nous écrase d'impôts
Il faut payer ses juges, sa flicaille
Et si nous protestons trop haut
Au nom de l'ordre on nous mitraille
Les maîtres ont changé cent fois
C'est le jeu de la politique
Quels que soient ceux qui font les lois
C'est bien toujours la même clique
[Refrain]
4.
Pour défendre les intérêts
Des flibustiers de la grande industrie
On nous ordonne d'être prêts
À mourir pour notre patrie
Nous ne possédons rien de rien
Nous avons horreur de la guerre
Voleurs, défendez votre bien
Ce n'est pas à nous de le faire
[Refrain]
5.
Déshérités, soyons amis
Mettons un terme à nos tristes disputes
Debout! ne soyons plus soumis
Organisons la Grande Lutte
Tournons le dos aux endormeurs
Qui bercent la misère humaine
Clouons le bec aux imposteurs
Qui sèment entre nous la haine
[Refrain]
6.
Partout sévit l'Autorité
Des gouvernants l'Internationale
Jugule notre liberté
Dont le souffle n'est plus qu'un râle
L'heure a sonné de réagir
En tous lieux la Révolte gronde
Compagnons, sachons nous unir
Contre tous les Maîtres du Monde
[Refrain]
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